top of page

LA FAMILLE CHARLES LE BOUTILLIER

photo:  Hélène Têtu et Charles Le Boutillier

On a pu remarquer dans la correspondance entre les membres de la famille de John Le Boutillier, une transition de l'anglais vers le français chez les plus jeunes dont certains, comme Charles, se sont également convertis au catholicisme. 


Charles Le Boutillier, fils de John, épousa Hélène Têtu de Trois-Pistoles en 1871.  Ils eurent six enfants.  L'aînée, Hélène (1872-1912), dotée d'une voix unique, devint cantatrice et épousa le Dr Arthur Lavoie.  Suivent ma grand-mère, Éva qui épousera l'architecte J.O. Marchand, Alice (1877-1954) dont Olivar Asselin tombe follement amoureux, John (1879-1910), le seul garçon qui entamera une carrière militaire, Élizabeth dite Éliza (1881-1970) que l'architecte français Jules Poivert courtisera à l'aide d'une correspondance haute en couleur et enfin la plus jeune, Marie-Thérèse Hermione, née en 1885.  Celle-ci se noya au mois d'août 1892 en tombant à travers un quai en réparation.  Elle avait six ans.  Son frère John, qui venait de fêter ses treize ans, fut témoin de l'accident.  Lui-même sera repêché du fleuve en 1910 à l'âge de trente ans. 

charlesleboutethélenetetu.jpg

À gauche: Éva  à 11 ans     À droite: Alice, Éva et Hélène Le Boutillier

John LB2.jpg

John Le Boutillier se noie en 1910  à l'âge de 30 ans
dans des circonstances nébuleuses

Éliza LB 5 ans

Élisa 5 ans

Après la faillite, la famille au complet se retrouve à Montréal, sans le sou.  Les filles et leur frère John sont instruits, cultivés et débrouillards.  La famille possède un nom, les filles une réputation de femmes cultivées et très taquines, voire, moqueuses.  Elles ont  établi beaucoup de relations parmi l'élite canadienne française. 


Robertine Barry, mieux connue sous son nom de plume Françoise, est plus qu'une relation.  Elle est une amie d'enfance des sœurs Le Boutillier.  Leurs mères se sont connues à l'école à Trois-Pistoles. Une des premières journalistes féminines et féministes canadiennes,  elle publie sa propre chronique dans le quotidien La Patrie, les Chroniques du lundi, de 1891 à 1900.  Elle est une bonne amie du poète Nelligan et compte parmi ses collègues, Honoré Beaugrand, Israël Tarte et Joséphine Marchand-Dandurand avec qui elle représentera le Canada à l'exposition Universelle de Paris.  Françoise exerce une grande influence sur la carrière d'Olivar Asselin à qui elle a présenté Alice Le Bouthillier qui deviendra son épouse.  Aux yeux des sœurs Le Boutillier, Françoise est vue comme une femme libérée, indépendante, et aventureuse.  Elle est très proche d'Alice et d'Olivar Asselin. 

Voici comment Hélène Pelletier-Baillargeon décrit les débuts des Le Boutillier à Montréal après la faillite de Charles.  Le passage est extrait de la page 153 de sa très intéressante biographie d'Olivar Asselin.  
 
«S'ils n'ont pas plus d'économies que les pêcheurs, ils ont plus d'instruction et infiniment plus de relations!  Et surtout, la volonté de s'en sortir.  Hélène, l'aînée, possède une voix d'or que la famille entend mettre à profit.  On a écrit d'elle que sa voix de soprano ne peut être comparée qu'à celle de la grande Emma Albani.  On vient de lui décerner une bourse d'études qui l'a conduite à Paris où un contrat l'attend au Grand Opéra.  À Éva, la seconde, semblent avoir échu la beauté et l'assurance.  De tels dons - joints à un tel nom - lui ont valu la protection d'Israël Tarte en personne.  Éva a quitté son emploi de gouvernante dans une riche famille américaine pour accompagner Hélène à Paris.  À l'été, un emploi d'hôtesse lui a été assuré au Pavillon canadien de l'Exposition universelle dont l'inauguration est prévue pour le 15 avril.

couverture-Asselin.jpg

John, le fils unique, élégant milicien du 65ème régiment des Carabiniers du Mont-Royal, est devenu extrêmement populaire dans les bals de Montréal.   Il pourrait conséquemment prétendre aux meilleurs partis de la ville.  Élizabeth, dite Éliza, petite, espiègle et dégourdie, dessine avec talent et donne des leçons particulières aux enfants des familles bourgeoises.  Alice a reçu en partage le don de la conversation et un sourire lumineux.  On la place donc en bout de table, à l'heure des repas des pensionnaires, afin de faire oublier aux étudiants que, dans leur assiette, la morue est mal dessalée et les pommes de terre trop cuites...  Cette fonction essentiellement décorative n'empêche nullement Alice d'être la première femme à occuper un emploi permanent à l'Hôtel de Ville de Montréal. 
Trop longtemps habituées à être servies, les filles Le Boutillier ne sont pas, loin de là, des cordons-bleus.  Tout au plus madame-mère a-t-elle réussi à rescaper de la banqueroute de l'Anse-au-Griffon un ancien homme de cour venu des Antilles avec un retour de bateau.  En échange du gîte et du couvert, «le père Herrebondt» parle le français avec l'accent chantant des Îles, communique à qui veut l'entendre son admiration pour le Siècle des lumières et répond de façon intermittente aux attentes ménagères.  Prodigieusement intéressé par la conversation des invités, il en oublie d'ouvrir la porte et de faire circuler les plateaux.
Tout cela  contribue à créer dans cette maison une ambiance bohème et insolite qui fait fondre la glace et met aussitôt le visiteur à l'aise.
 
La maison en question est un quatre étages rue Cherrier que la famille a acheté pour opérer une pension.  Les Le Boutillier s'entassent au rez-de-chaussée, certains sur des lits de camp qu'ils font disparaître le jour. Les trois autres étages abritent les chambres d'étudiants. »  

CLIQUEZ SUR LES PHOTOS

bottom of page