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Mon Oncle Jules et tante Lisa
à Trois-Pistoles

Mon Oncle Jules, qui en fait était l'oncle de ma mère, Raymonde Marchand Paré, est décédé lorsque j'avais 5 ans.  Je n'ai qu'un vague souvenir de lui, un jour que nous lui rendîmes visite sur la rue Saint-Hubert où il demeurait avec ma tante Lisa (Élizabeth Le Boutillier), l'amour de sa vie.  L'appartement, je me souviens, était sombre et sentait le vieux.  Mon Oncle Jules devait avoir autour de 87 ou 88 ans et fumait la pipe, assis dans son fauteuil à côté d'un meuble radio antique plus haut que moi.  On dira, moins d'un an plus tard, qu'il était mort dans son fauteuil en écoutant un match des Canadiens sur son radio.

En fouillant dans les archives familiales léguées par ma mère, je suis tombé sur des cartables (ou classeurs) emplis de lettres manuscrites et de cartes postales soigneusement conservées dans des pochettes transparentes et toutes écrites de la même main, celle de Jules Poivert.  Je lus une lettre datée du premier janvier 1912 (voir ci-dessous) et destinée, comme toutes les autres, à Mademoiselle Lisa. Ma curiosité fut piquée et je voulus en connaître plus sur ce personnage aux talents multiples et dont le sens de l'humour colora toutes les facettes de sa vie. 

Message écrit moins d'un mois après la première rencontre avec Éliza Le Boutillier qui eut lieu le 10 décembre 1911

Mademoiselle
Cette nuit au cours d'une de mes insomnies (elles se multiplient beaucoup depuis un certain temps) j'ai composé, à votre intention, deux courtes phrases musicales.  Vous excuserez, j'espère, leur imperfection lorsque vous saurez que pareille chose ne m'était arrivée depuis vingt ans.

Que sait-on de la vie de Jules Poivert?

 

On ne sait pas grand chose de l'enfance de Jules Poivert sinon qu'il est né le 30 avril 1867 à Bordeaux, d'un père fondeur (architecte), François Poivert agé de 37 ans et de sa mère de 32 ans, Marguerite Daban.  Si on se fie à la carte postale ci-dessous montrant une fontaine devant sa maison d'enfance, il vécut Place Amédie Larrieu à Bordeaux. 

Il aurait travaillé trois ans dans l'agence de l'architecte Alphonse Blaquière à Bordeaux avant d'être admis à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1886 où il obtiendra un diplôme dans des circonstances particulières (nous y reviendrons plus loin) le 24 février 1905.  Il travailla quelques années en France avant de postuler pour un poste de professeur d'architecture à l'École Polytechnique de Montréal en 1909.  (voir carrière)  Il rencontre Élisa Le Boutillier le 10 décembre 1911 et après lui avoir fait la cour pendant longtemps, l'épouse en 1917 (voir Mademoiselle Lisa). 

 

Il semble avoir passé ses étés en France de 1910 jusqu'à la déclaration de la guerre en août 1914.  Comme il risque d'être mobilisé, il ne peut pas retourner à Montréal pour reprendre son poste et demeurera coincé en France pendant plus d'un an.   Faisant partie des unités territoriales (hommes âgés de 35 à 48 ans), il serait parmi les derniers à être appelés sous les drapeaux et peut ainsi obtenir un passeport valide qui lui permet de quitter la France jusqu'à un éventuel rappel.  Le 4 septembre 1915, il embarque au port de Bordeaux  à destination de New York. 

 

Jules Poivert fera partie de la première mouture d'enseignants à l'École des Beaux-Arts de Montréal qui ouvre ses portes en 1923. Il sera directeur de la section Architecture et demeura enseignant jusqu'au début des années 1950.  Il décède le 3 avril 1955.  

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Mademoiselle Lisa

 

La photographie ci-contre représente une fontaine située juste au-dessous de ma fenêtre, place Amédie Larrieu à Bordeaux. Je suis dans la maison autrefois habitée par ma chère mère, maison qui appartient actuellement à ma sœur. Que de chers souvenirs évoqués!! En France nous restons attachés à toutes les choses de notre enfance et nous avons toujours une émotion pour elle à les revoir. Émotions salutaires qui ne diminuent en rien l’attachement que nous pouvons avoir pour nos nouveaux amis.

Jules Poivert

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