top of page

JOHN LE BOUTILLIER

1797-1872

John Le Boutillier fut un des hommes les plus puissants de la péninsule gaspésienne sur laquelle il régna pendant plus de quarante ans.  Arrivé des Îles Jersey à 15 ans, il travailla comme commis pour la Charles Robin Company, dirigée par Philip Robin, neveu du célèbre Charles Robin (retourné à Jersey en 1802).  Le Boutillier grimpe les échelons, débutant comme commis à Paspébiac pour devenir directeur du comptoir de Percé sept ans plus tard. 


En 1824, il épouse Élizabeth Robin fille naturelle de son patron, Philip Robin, à qui John n'a jamais fait part de ses intentions.  En fait, Philip Robin semble avoir quitté la Gaspésie pour de bon, vers 1814, et dirigé ses affaires à partir de l'étranger.  Malgré les circonstances du mariage qui se déroula à son insu, Philip Robin réitère sa confiance en John Le Boutillier devenu son gendre.  Dans une lettre à sa fille, il écrit: « He is a young man of steady habits, and in a respectable Situation of Trust, which he has filled to our Satisfaction, and, consequently, is likely to continue therein

John_Le_Boutillier.png
maisonquébec.jpg

En même temps qu'il dirige le comptoir Robin de Percé, John Le Boutillier est nommé juge de Paix et président du Grand Juré à la Cour des Sessions de la Paix.  Il mène une double carrière comme homme d'affaires mais aussi magistrat.   En 1832, il est choisi comme candidat par le parti tory pour représenter le comté de Gaspé et il est élu député en 1833.  C'est à ce moment là qu'il démissionne de la Charles Robin Company et part à son compte. 
 
Comme il doit séjourner à Québec, il y achète une maison en 1834 et déménage sa famille à la capitale du Bas-Canada où ses enfants pourront bénéficier de bonnes écoles.  Il doit cependant aller à Percé régulièrement.  Son premier mandat n'est pas de tout repos.  En effet la Rébellion des Patriotes de 1837 est suivie d'une répression sanglante, de la suspension de la constitution canadienne et l'arrivée de Lord Durham.  Dans ce contexte de tension, John Le Boutillier ne sollicite pas de deuxième mandat et retourne en Gaspésie pour s'installer avec sa famille à Gaspé en 1839 d'où il se consacrera à ses affaires le long de la côte.

Capture.JPG

À son début comme entrepreneur, il s'était associé à François Buteau avec qui il développa son commerce de pêche en suivant le modèle Robin. Les deux hommes achetèrent également les seigneuries de la Petite-Sainte-Anne-des-Monts et de la Grande-Sainte-Anne-des-Monts en plus d'une terre de 1000 acres adjacentes et d'autres propriétés à Cap-Chat.  Lorsqu'ils mettent fin à leur association, en 1839, Le Boutillier conservera toutes les propriétés de la côte nord de la Gaspésie. 


Le Boutillier continuera à investir dans des propriétés le long de la côte.  Il a des bâtiments pour abriter la morue séchée ou salée et pour entreposer le sel qu'il fait venir d'Europe avec d'autres marchandises pour garnir ses magasins.  Il possède également des hangars et ateliers pour l'entretien de ses nombreux bateaux.  



En 1846, la famille Le Boutillier s'installe au fort Ramsay qu'elle achètera par la suite et qui sera détruit par le feu en 1865, puis rebâtit sous le même modèle.  John Le Boutillier devient presque propriétaire de Gaspé, tant il possède de terrains et lots de grève.  Vers 1860, il fait construire le manoir de l'Anse-au-Griffon.  

IMG_0247 (2).jpg
manoirlbdessinClaudeCôté_edited.jpg

En fait, la famille Le Boutillier semble gouverner sur la Gaspésie. Épouse et  enfants sont très engagés dans la gestion de l'entreprise ce qui permet à John Le Boutillier de s'absenter lorsqu'il doit siéger à Québec.   En effet, John Le Boutillier retourne en politique en 1844, dans le comté de Bonaventure pour ne pas faire concurrence au député du comté de Gaspé.  Il fera un mandat suivi d'une interruption puis reviendra comme député de Gaspé en 1854.  Il remporte trois élections consécutives et siège jusqu'en 1867, année de la Confédération, lorsque John A. Macdonald le nomme au Conseil législatif (futur Sénat).  Père et fils sont impliqués au niveau des Églises catholiques et anglicanes, des Commissions Scolaires, de la défense civile dans laquelle John détient le grade de lieutenant-colonel, son fils Horace, celui de capitaine et Charles d'enseigne (officier subalterne).  Horace cumule les titres de consul des États-Unis et vice-consul d'Italie et du Brésil alors que le mari d'Élizabeth Le Boutillier et gendre de John, Antoine Painchaud, agit comme consul d'Espagne.  Ce dernier est également nommé Agent des Terres de la Couronne tandis qu'Édouard, lui, détient le titre de Secrétaire du Conseil de Comté. 
 
«Dans l'ensemble, la John Le Boutillier and Company constitue une entreprise d'envergure.  Elle a fourni du travail à plus de 130 chefs de famille et pêcheurs gaspésiens à chaque année.  Au plan des avoirs, elle possédait dans la péninsule un réseau de sept comptoirs et postes de collecte pour la morue et une quinzaine de navires sillonnaient le monde sous son pavillon.  La famille disposait d'une somptueuse résidence à Gaspé, d'un manoir opulent à l'Anse-au-Griffon, de résidences secondaires à Percé, Sainte-Anne-des-Monts et Québec.  Ce bilan montre que l'entreprise de John Le Boutillier faisait très bonne figure sur le marché du poisson et qu'il léguait à ses fils un patrimoine en santé»  (Mario Mimeault:  John Le Boutillier 1797-1872.  La Grande Époque de la Gaspésie p. 95).  
 
Charles Le Boutillier aurait donc hérité du comptoir de l'Anse-au-Griffon mais fait faillite par la suite.  Dans son excellente et volumineuse biographie d'Olivar Asselin, époux d'Alice Le Boutillier, Hélène Pelletier-Baillargeon mentionne la faillite de Charles qu'elle attribue à un naufrage.  J'ai voulu en savoir plus long sur cette faillite et le naufrage.

bottom of page